Un ami m’invite à écrire la préface de son livre, qui est encore à l’étape du manuscrit. Flattée, j’accepte, tout en lui faisant remarquer qu’une préface de moi, parfaite inconnue, ne l’aidera pas à convaincre un éditeur. C’est pas grave, qu’il me dit.
Puis je me demande à quoi servent les préfaces et, surtout, qui lit les préfaces. Qu’est-ce que la préface apporte au livre qui ne s’y trouve déjà? Et s’il ne s’y trouve déjà, c’est peut-être qu’il ne sert à rien. Ou que l’auteur a mal fait son travail. Au fait, tout bêtement, qu’est-ce qu’une préface?
Sur Wikipedia1, j’apprends que « les Italiens appellent la préface “la salsa del libro” : la sauce du livre. Marville dit que, si elle est bien assaisonnée, elle sert à donner de l’appétit, et qu’elle dispose à dévorer l’ouvrage ». Cette définition toute charnelle me plaît assez, même si j’ignore qui est ce Marville et même si je pense que personne ne lira cette préface ou alors quelque lecteur qui aura encore faim quand il aura achevé le livre et reviendra au début pour lire cette préface qu’il avait d’abord escamotée tant son appétit était déjà largement ouvert. Il y viendra finalement avec l’espoir de trouver quelques miettes de cette écriture qu’il aura aimée. La préface deviendrait de facto postface. Peut-on écrire une préface qui fasse office de postface? Pour filer la métaphore de l’appétit, peut-on servir une entrée au dessert?
Toujours selon Wikipedia2 (veuillez pardonner ma paresse) : « la postface, bien qu’elle puisse faire office de conclusion, présente des informations qui ne sont pas essentielles à l’intégralité de l’ouvrage, mais qui sont toutefois jugées pertinentes ». Pas très différente de la préface tout compte fait, si ce n’est cet aspect conclusif. Il me semble que mon ami aurait écrit lui-même sa postface s’il avait jugé utile de le faire. J’écrirai donc une préface, courte, en y laissant tomber quelques miettes de l’écriture de mon ami.
1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9face_(litt%C3%A9rature)
2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Postface