De l’importance de l’altération

 

Je repassais mon linge quand j’ai vu une pastille qui coulait. Il m’est venu cette phrase : « Les êtres singuliers et leurs actes asociaux sont le charme d’un monde pluriel qui les expulse ». J’avais ça écrit sur le mur quand j’étais adolescente. Je pensais que c’était mon destin. C’était de Cocteau. Des Enfants terribles, si mon souvenir est bon. Il y avait ça sur mon mur. Et aussi « Mejor vale morir de pie que vivir de rodillas » du mexicain Zapata. Au fait, je n’étais pas adolescente, mais jeune adulte.

Ce n’est que plus tard, dans mes cours de chant, que j’ai appris l’importance de l’altération. Ce dièse ou ce bémol, ce bécarre, cette rupture de ton qui fait que c’est plus intéressant à chanter et à entendre. Cet « accident » qui me donne un repère dans l’air.

Mais la pastille qui pleure dans mon tissu au millier de pastilles passe inaperçue. Sauf pour celle qui repasse. Vive le repassage dans ce monde permanent press.